J’ai peut-être (et même certainement) peur des aiguilles, j’ai peut-être (et même assurément) une phobie des piqûres mais je n’ai absolument pas peur d’Épicure. Ça n’a rien à voir. Parce que les piqûres, ça pique, ça fait mal, ça fait saigner alors qu’Épicure, pas du tout. Sauf éventuellement pour les simplets mais ça reste à prouver, ce dernier point. En tout cas, Épicure, moi, je trouve que son esprit, sa façon de voir les choses, sa manière de vivre donnent de lui l’image de quelqu’un qui aime tous les plaisirs de la vie mais en réalité, ce qui me plaît en lui, c’est aussi son autre aspect, un peu plus brutal. D’ailleurs, ses disciples étaient appelés des pourceaux, ce qui n’a rien de noble bien au contraire puisqu’on les qualifiait ainsi car on les prenait pour des sots et des athéistes. Ce n’est pas rien, ça, quand même.
Les épicuriens, en tout cas à l’époque, étaient plutôt des rimailleurs car ils composaient des odes impudiques. Certains étaient destinés à faire des vers vifs et morts car quand ils écrivaient, ils avaient la bouteille d’un côté et l’écritoire de l’autre. On disait d’ailleurs d’eux qu’il leur fallait boire six verres de vin à chaque rime et qu’ils mangeaient comme pourceaux. Copains comme cochons, en quelque sorte. Mais ces pourceaux étaient aussi vus comme voluptueux et c’est bien un des mots les plus importants de l’épicurisme : la volupté. Cette volupté dans laquelle les disciples d’Épicure se vautraient comme des cochons dans la fange. De cette image, peut-on dire que les cochons (qui sont loin d’être aussi sales qu’on le dit) sont des épicuriens ? Après tout, ils ne vivent que pour leur plaisir immédiat : manger, baiser.
Cela dit, pour Épicure, dont le véritable nom est vraiment Épicure – Epíkouros, en grec ancien) il y avait trois sortes de désir : les naturels et nécessaires, les naturels mais non nécessaires et les ni naturels, ni nécessaires. Et d’ailleurs, je voudrais faire remarquer que les désirs non nécessaires ne peuvent pas être naturels par définition, d’accord ? Mais parler du désir, c’est aussi parler du manque car l’homme est perpétuellement en état de manque. Bref, Épicure, c’est bien plus qu’une simple appétence pour tous les plaisirs de la vie, c’est bien plus complexe que ça mais ça vaut le coup de se pencher sur le sujet. Avec un bon garde-fou, on ne risque pas de perdre l’équilibre. Moi, je me suis replongé dans tout ça, depuis quelques jours et je trouve que c’est très raccord avec cette période actuelle de désirs illusoires.
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