L’Adieu
J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t’en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
vers une rechute
Il y a vingt ans
Il y a déjà vingt ans
Il y a vingt ans déjà
Que je n’ai pas
Que je n’ai pas écrit
De poème
Il y a bientôt vingt ans
J’ai décidé de rompre avec elle
J’ai décidé de partir loin d’eux
J’ai choisi l’abstinence
J’ai choisi l’absence
Plus un vers
Plus une rime
Plus rien qui ne rime à rien
Plus d’envolée lyrique
Plus d’embellie fugace
Plus rien qui ne rime en rien
Plus de mélancolie au long cours
Plus de chagrins isolés
Plus d’amours désespérées
Plus d’unilatéral
Plus rien depuis le temps des cerises
Et ses écorces vives
Qui parfois demandent à renaître
Mais je me retiens
Sauf aujourd’hui
Peut-être
La chair est faible
Et je n’ai pas écrit tous mes livres
Je n’en ai écrit aucun
Et n’en écrirai
Peut-être
Stéphane Girault,
Écorces perdues, 2016
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