vendredi 30 mai 2025

y a l’IA, malheureusement

Il s’approcha d’elle, un papier à la main et elle se méfia, tout d’abord mais quand elle l’entendit soupirer, elle sentit qu’il ne serait pas agressif et encore moins violent que les fois précédentes. Elle le regarda, il avait l’air d’un poète maudit prêt à déclamer son chef-d’œuvre. Et c’est ce qu’il commença à faire : il lui parla d’amour comme s’il en avait été le créateur. Elle était le centre de son univers, le soleil de ses nuits tourmentées, la musique de ses silences et son phare dans la tempête. La seule capable de lui faire supporter sa vie médiocre. Il enchaînait les formules pompeuses comme on enfile des perles sur un fil de fer. Elle se demanda s’il ne s’était pas inspiré d’un manuel de séduction pour homme perdus. Chaque mot semblait calibré pour la toucher, chaque regard pour la faire fondre. Il ponctuait ses phrases de silences et de soupirs et tout cela lui faisait croire à ses paroles. Pour une fois.

Au fur et à mesure de sa déclaration, elle n’a cessé de le regarder, bouche bée comme si tout d’un coup, elle découvrait l’homme qu’elle croyait avoir cerné depuis si longtemps, maintenant. D’habitude, il s’enfermait dans un mutisme dont il ne sortait que pour maugréer, pour râler, pour l’humilier et même, à quelques reprises, pour l’agresser verbalement. Tout était prétexte à des débordements de sa part à lui. Et là, ce soir-là, il était en train de se transformer en prince presque charmant. Une part d’elle était bouleversée mais une autre restait méfiante parce que pourquoi se servir d’un papier pour lui dire tout ça ? Mais au fond, elle avait un peu envie d’y croire. À force de frustrations et de renoncements, on finit par applaudir n’importe quelle preuve d’attention. Oui, à n’en pas douter, il l’avait émue.

En la voyant les yeux un peu humides, soudain, il éclata de rire. Mais attention, pas un rire léger, pas un rire complice, non, un vrai rire gras, moqueur et presque violent. « Tu y as cru, hein ? C’était fait pour. Tu crois vraiment que je suis capable de penser tout ce que je t’ai dit ? Ma pauvre fille, en plus, tu n’es même pas lucide. Tu sais quoi ? J’ai demandé à l’I.A. de m’écrire un truc bien sirupeux, bien romantique, je l’ai imprimé et je me suis contenté de te le lire au mieux de mes capacités, en me retenant de rire. Et toi, toi, tu as foncé tête baissée. C’est fou comme ton besoin d’être aimée te fait gober n’importe quoi. Même te faire aimer par quelqu’un qui ne peut pas te supporter. Comment ai-je pu tenir aussi longtemps avec toi, hein ? Tu es vide, tu es creuse, tu es insipide. Et tellement prévisible. Chaque jour avec toi, c’est  de l’ennui qui s’accumule. Et là, je n’en peux plus. Je me tire. Il y a forcément mieux ailleurs.

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