Boualem Sansal, cet écrivain franco-algérien plutôt très à droite mais à la plume sans doute (trop) libre pour ceux qui sont amoureux de la liberté sélective, croupit dans une prison algérienne. Certains, plutôt à droite, s’en sont émus et s’en émeuvent encore et toujours. Peu importe l’homme, ses idées, ce n’est ni plus ni moins qu’un prisonnier politique. Coupable de penser et d’écrire sans autorisation. Coupable de critiquer l’islamisme sans faire l’équilibrisme du « oui mais » et quand on n’entre pas dans la grille de lecture de certains comme LFI, on est tout juste bon à l’oubli. Mélenchon, grand pourfendeur des atteintes aux libertés sauf quand ça l’arrange de se taire. Sandrine Rousseau, toujours à l’affût de la moindre violence sexiste systémique est aveugle et sourde aux écrivains bâillonnés. Et quid d’Aymeric Caron, qui soudain, est capable de se taire ?
Mais subitement, une surprise probablement divine, Christophe Gleizes, journaliste indépendant mais plutôt connoté à gauche se retrouve prisonnier en Algérie, lui aussi et là, tout d’un coup, la gauche, l’extrême-gauche se réveillent. Miracle, l’indignation devient palpable mais surtout, tout le monde est concerné. Tous les médias. Tous les partis politiques. Sans exception. Les consciences s’éveillent. Les claviers crépitent. Frétillent. Les éditos pleuvent. On découvre qu’en Algérie, on peut être prisonnier à tort. L’émotion est là. Et tout le monde parle peu ou prou de Boualem Sansal, comme un vieil oncle malade dont on se souvient, brutalement. L’indignation à géométrie variable retrouve ses principes, elle devient presque programme politique. Le clientélisme. L’électoralisme. Mais peu importe, du moment qu’on n’oublie aucun prisonnier français en Algérie.
Car tout prisonnier français en Algérie (ou ailleurs), est un prisonnier français avant tout. Et on n’a pas à choisir ses compatriotes pour s’émouvoir de leur captivité. On aimerait que chacun d’eux revienne en France et que lorsqu’il y en a un de malade, il puisse venir se faire soigner ici, quelles que soient ses idées, son bord politique. La France est une et indivisible dans l’injustice, non ? Franchement, moi, si Mélenchon, que je ne porte pas du tout dans mon cœur, se retrouvait dans une geôle d’un pays dont il ne défend pas les idées, j’aimerais qu’il n’y reste pas. Qu’un intellectuel (ou pas) français soit incarcéré pour ses idées, donc, à tort, ça me dérange. Et ça n’est pas normal. Jamais. Oui, mais si c’était Mathilde Panot qui était prisonnière dans un pays dangereux ? On a parlé d’intellectuels, non ? Donc, là, la question ne se pose pas. En tout cas, pas en ces termes.
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