C’est un peu agaçant, quand on va au restaurant car il y a une espèce de mode concernant les expressions des cuisiniers, des serveurs et des autres membres du personnel. Je me souviens, il y a plus de 40 ans, avec des amis, nous étions allés à la maison du Danemark, un restaurant un peu chic sur les Champs Élysées et moi, malgré le fait qu’à l’époque, j’étais réservé, timide et fauché, en général, je ne la ramenais pas trop. Sauf que là, à peine étions-nous arrivés qu’un loufiat nous demande « vous partez à quelle heure ? » et ça m’avait choqué. J’ai répondu « tout de suite » mais mes amis m’ont fait signe de me taire. Peut-être que je n’ai pas bien compris le sens de la question mais moi, je trouve que ça ne se demande pas, ça. Imaginez un peu : « Bienvenue mais à quelle heure pensez-vous partir ? »
Et de nos jours, outre les « petits » et « petites » dans chaque phrase, surtout chez les serveurs « il s’agit d’une petite fricassée de noix de Saint-Jacques dans une petite réduction de petites fleurettes de brocolis accompagnée d’un petit riz sauvage aux petites herbes. Je vous souhaite un bon à petit », il y a les recettes revisitées et les plats déstructurés. Par exemple, quand on sert un potage lorrain, on vous explique qu’il s’agit d’une quiche lorraine revisitée, c’est-à-dire en version liquide. Une soupe, ni plus, ni moins. Et alors, une religieuse au café déstructurée, c’est une pâte à chou légèrement craquante émiettée dans une verrine avec un peu de crème pâtissière légèrement aromatisée au café et le tout présenté avec des petits clous de vanille chocolatée. Non, moi, je dis non. Je m’insurge, je m’insurge vraiment.
Parce que les religieuses au café, ça reste un de mes desserts préférés (déjà que je n’en mange pas souvent, du dessert…) alors, j’insiste, non, non et non. Pas de religieuse déstructurée. Moi, j’ai envie d’un simple gros chou et d’un plus petit, tous les deux, remplis de crème pâtissière au café et reliés, l’un à l’autre avec un peu de crème au beurre à l vanille. Pas envie de verrine. Pas envie de révolution. Pas envie de concept. Pas envie d’une religieuse comme un dessert signature. Pas envie d’une expérience et pas envie qu’on me prive d’un plaisir primaire et régressif. Alors, oublions tout ça et tant pis pour les restaurants, moi, j’aime les chefs qui cuisinent pour les autres, pas pour eux-mêmes. Voilà. Ce matin, c’est exactement ça que j’avais envie d’écrire. Et on peut aimer les religieuses au café tout en étant apostat
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