J’aime bien faire la course en tête. J’aime bien être le premier. J’aime bien être le préféré. À partir de là, quand on sait que je fonctionne comme ça, on peut me comprendre. On peut tout comprendre de moi. Et cette notion biblique des derniers qui seraient les premiers, autant vous dire que je n’y adhère pas parce que justement, c’est une notion biblique. Moi, en bon apostat que je suis, je ne vais pas mettre un pied là-dedans. Non, que nenni. Moi, quand je dis que je veux être le premier, ça se passe quand je suis en voiture, par exemple. Je n’aime rien tant que d’être coincé derrière un fourgon, un camion ou un véhicule qui m’empêche de voir plus loin, devant moi. Donc, je n’aime être que le premier. Même au feu, quand il passe au vert car moi, je ne suis pas sur mon téléphone, quand je conduis, donc, je démarre dès que j’en ai le droit.
Dans ma vie professionnelle aussi, j’ai toujours aimé être le premier. Le meilleur. Celui qui faisait un peu référence dans son emploi. J’avais envie qu’on dise de moi : « Stéphane ? Tu peux compter sur lui, il est irréprochable. Il travaille vite et bien. On n’a pas besoin de revenir sur ce qu’il a fait. » Oui, oui, ça m’est déjà arrivé et je vous dis ça sans prétention, ce n’est pas mon genre de me vanter ainsi. Oh, bien sûr, je n’ai pas toujours été vu comme quelqu’un d’aussi exemplaire mais je pense que globalement, c’est l’image que j’ai dû laisser, partout où je suis passé. Vis-à-vis de mes amis, aussi, j’ai tendance à vouloir être le premier. Celui à qui on pense en premier pour plein de choses. Celui qui laissera une trace un peu indélébile quand il disparaîtra. Oui, parce que forcément, un jour, je partirai et tout le monde me regrettera, sinon, ça ne vaut pas la peine.
Non, ça ne vaut pas la peine de continuer. Alors bien sûr, aussi, j’aurais pu faire des efforts et ne pas être aussi fumiste ni autant procrastinateur car sinon, il y a belle lurette que j’aurais publié des romans, des nouvelles, des poèmes et ma postérité aurait été alors largement assurée. Oui mais ma postérité auprès de ceux que je ne connais pas, en ai-je vraiment envie ? Et besoin ? Non, pas à ce point-là. En tout cas, l’autre jour, en rentrant chez nous, avec le président, il a voulu me laisser entrer le premier dans l’ascenseur et à sa grande surprise, j’ai décliné sa proposition pour le laisser passer. Devant son air étonné, je lui ai demandé « quoi ? » Il m’a répondu qu’il pensait que j’aimais être le premier. Oui mais pas dans les ascenseurs car si je suis le premier dedans, je ne peux évidemment pas être le premier sorti et je préfère être le premier sorti.
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