Quel bruit ça fait quand la nuit tombe et qu’on aimerait mieux qu’il fasse encore jour ? Ça pourrait fait plouf comme un glaçon qui terminerait sa carrière dans un Spritz. Et quand la nuit tombe, on peut imaginer que les animaux le sentent au plus profond de leurs tripes : les oiseaux se taisent, les moustiques s’échauffent (pour eux, ça a des chances d’être une belle soirée) et l’humain se désole : déjà ? Mais je n’ai rien fait de ma journée ? Pourquoi on m’oblige à aller me coucher la nuit et à me lever le matin ? Quand la nuit tombe, il y a aussi le clac des volets ou le léger brrrrr de ceux qui sont électriques. Le soleil, lui, il ne fait pas de bruit, il se contente de hausser les rayons et d’aller voir ailleurs. Les plus gênés s’en vont. Les nuages enfilent leur pyjama et moi, quand il m’arrive de ne pas avoir sommeil, je tente de rallumer le ciel avec ma télécommande universelle. Mais ça ne marche jamais.
Quel bruit ça fait quand on laisse tout tomber ? Je ne sais pas, ça ne m’est pour ainsi dire jamais arrivé de vouloir tout laisser tomber volontairement. En revanche, j’ai déjà cassé des verres sans le faire exprès. Cela dit, quand on baisse les bras car on en a marre, ça fait probablement bam comme quand on lance un truc dans une poubelle en métal. Et quand on va s’échouer sur un canapé, ça fait plouf, là encore. Et quand tu as pris un paquet de chips, ça fait crac, crac, crac. Mon cerveau fait un bruit de banane molle mais je ne sais pas en écrire l’onomatopée correspondante. Et quelque part, il y a toujours quelqu’un pour te faire bisque-bisque rage quand tu en as marre. « Tu n’avais qu’à pas t’inscrire à la vie, tu as signé, tu assumes. » Finalement, je crois que si un jour je laisse tout tomber, ça fera simplement boum. Pas besoin de se prendre la tête pour un truc comme ça. Enfin, c’est ce que je crois.
Quel bruit ça fait quand on tombe amoureux ? Ah ça, je peux en parler, ça m’est arrivé plus souvent qu’à mon tour, dans la vie. Déjà, je crois que ça fait comme dans les dessins animés de Tex Avery : d’abord un petit ding comme si ton cœur et ton cerveau t’envoyaient une notification. Et ensuite, badam, badam et boing. Boing. Tes yeux font bip-bip et soudain, c’est un crac, un peu discret, celui de ta dignité qui glisse doucement hors de ton corps. D’aucuns parlent de papillons dans le ventre mais jamais moi, jamais de wooosh. En revanche, quand je suis tombé maintes et maintes fois amoureux, ça a souvent fait scritch, scritch car à chaque fois, j’ai rempli des pages et des pages de carnets et de cahiers avec un stylo à plume. Aujourd’hui, si ça doit m’arriver, ça fera tap, tap, tap, tap, tap sur mon clavier d’ordinateur. Et surtout, chez moi, des soupirs. Pffuue. D’attente. Et d’impatience.
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