Je rêve de givre, de buée sur les vitres, de doigts engourdis dans des mitaines. Non, dans des gants épais. Des moufles. Je suis jaloux des esquimaux, enfouis sous des couches de fourrure, blottis dans leurs igloos de glace, loin de cette chaleur suffocante. Là-bas, le silence est craquant, l’air si pur qu’il mord les poumons à la première inspiration. J’aimerais marcher dans une neige bruyante, qui crisse sous mes après-skis. J’aimerais sentir mes bottes s’enfoncer dans la poudreuse immaculée sous un ciel d’hiver pâle, sous une lumière blanche, tranchante. Je tendrais mon visage aux vents du nord, celui qui fouette, celui qui glace les larmes, qui pique les joues jusqu’à les rendre rouges comme des braises gelées. Je voudrais frissonner sous un plaid en me demandant quand reviendront les étés, une tasse fumante dans les mains.
Dehors, tout serait figé. Les arbres givrés, les flaques d’eau devenues miroirs de glace et les toits brillant de gel. L’hiver a cette noblesse silencieuse que n’aura jamais la saison estivale. Cette pureté rude et tranchante, cette majesté austère et rigoureuse. En hiver, les haleines sont visibles car chaque souffle devient une brume. C’est une saison propice au rapprochement des corps, pour se réchauffer voire plus. On s’emmitoufle, on se confine et on aime passer du temps chez soi, tranquillement. Cependant, l’été comme l’hiver sont propices à la lenteur. Dans les deux cas, on doit prendre son temps pour ne pas se trouver mal. Ce que j’aime aussi pour la saison froide, c’est le fait que les nuits tombent vite et c’est très cohérent avec l’envie de s’enfermer chez soi alors qu’en été, on doit subir la canicule même tard le soir.
Ah, les nuits d’hiver, ténébreuses, noires, profondes. Quand le ciel est dégagé, les étoiles brillent d’un éclat particulier et on attend le lendemain avec confiance, on sait qu’on aura peut-être encore froid mais ça ne fait pas peur. Alors que lors des grandes chaleurs, on redoute les jours d’après. Dans les pays froids ou en hiver, parfois, on peut voir des stalactites se former aux bordures de certains toits, certains en profitent pour faire des feux à l’âtre et la morsure du froid peut aussi être une caresse. Un peu rude, mais une caresse malgré tout. Là, j’ai envie de grelotter, d’avoir les dents qui claquent, de sentir l’air qui cingle et qui nettoie. J’ai envie de brouillard givrant, ce qui permet aussi de masquer la tristesse de monde ambiant. Le froid plus que le chaud m’aide à écrire. Là, je vendrais mon âme pour un soupir glacé sur ma nuque brûlante.
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