samedi 26 avril 2025

aux funérailles d’un pape

Le ciel lui-même aurait pu hésiter hier matin : continuer de faire beau temps ou pleuvoir de tristesse. À moins que ça ne soit le fruit d’une maladresse divine. Toujours est-il qu’on enterrait Sa Sainteté François Jean-François Sans Numéro, connu pour être le pape des pauvres et pour ses sermons si longs que même les anges demandaient des pauses syndicales. La basilique croulait sous les cardinaux, très au point, tous empesés, chacun arborant un visage plus contrit que l’autre, à tel point qu’on se serait cru dans un congrès mondial de constipés. Dans la foule, certains fidèles, dont quelques centaines étaient même venus de France, c’est incroyable, dans la foule, donc, certains fidèles pleuraient à chaudes larmes. D’autres regardaient leur montre : la messe funéraire battait déjà le record de la plus longue homélie papale. À ce rythme, il se disait des porteurs du cercueil qu’il faudrait les canoniser pour endurance héroïque.

Justement, le cercueil du pape défunt, chef-d’œuvre en bois de chêne béni trois fois (dans le doute, au cas où…), avançait majestueusement mais aussi lentement. Ou l’inverse. Quatre costauds en soutane bien boutonnée peinaient sous son poids, apparemment, Sa Sainteté était parti rejoindre son Créateur avec un gros stock d’encens, de missels et de chapelets divers et variés. Puis, s’ensuivit un moment très gênant lorsque la fanfare vaticane, censée jouer un morceau solennel, se lança par erreur dans un tango argentin. Les cardinaux hésitèrent entre la révulsion et un déhanchement discret. Quelques-uns optèrent pour une solution plus diplomatique : ils s’évanouirent. À la fin, un pigeon qu’on avait pris pour une colombe, envoyée spécial du Saint-Esprit, laissa tomber un petit cadeau sur le linceul qui recouvrait le cercueil. Une obole. La foule y vit un signe : soit une bénédiction, soit une critique de la longueur de la cérémonie.

Quand enfin, le cercueil fut descendu dans son caveau après huit heures de chants, vingt-trois hommages et une tentative d’auto-béatification spontanée du cardinal-prédicateur, un murmure soulagé traversa la basilique, les rues de la ville, celles du pays tout entier, celle des pays voisins et même des autres continents : « Repos éternel pour Sa Sainteté et pour nous aussi. » J’ai même entendu dire qu’après la messe, c’était l’heure de boire un verre de vin. Certains ont même évoqué l’idée que la prochaine fois qu’un pape décède, il faudra penser à des funérailles un peu plus vivantes. Et pourquoi ne pas demander à Thomas Joly d’en assurer la mise en scène. Avec des drag-queens, des enfants qui ne seraient pas prêtrophiles, des enseignants et des éducateurs de Bétharram qui sauraient jouer à Chi-Fou-Mi sans être mauvais perdants. Bon, un pape est mort. Un pape a été inhumé. Qu’y a-t-il sous pape ? De la poussière.  

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