dimanche 27 avril 2025

nous partîmes 500 (1)

Nous partîmes 500 mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 3 000 en arrivant au port. Si ce n’est que lorsque vous arrivâtes, vous étiez tous disparus. Sans savoir ni pourquoi, ni comment. C’est ainsi que les hommes vivent. Et c’est ainsi que les histoires d’amour meurent parfois avant de naître. Et pourtant, sans aucune prétention, nous fûmes bel et bien 500 à partir ensemble. Je me souviens de tout le monde. Je me souviens de chaque évangile, de celui de Pierre, de celui de Paul, de celui de Jacques, de celui de Jean, de celui de Guillaume, de celui de Xavier et tant d’autres. J’eus le cœur gonflé de bruit et de certitudes. Le vent fut toujours avec nous. Nous étions promis à être frères d’armes, invincibles et immortels. Nous attention le repos des guerriers avec une impatience non feinte.

Puis, progressivement, le silence fit son entrée, d’abord léger comme un doute. Un regard fuyant, un pas qui traîne, une question sans réponse. Des tas de questions sans aucune réponse. La fatigue s’est installée, l’enthousiasme s’est effiloché et les visages sont devenus de plus en plus flous. Certains ont bifurqué. D’autres se sont tus. Quelques-uns sont tombés, un à un, sans bruit. Et combien de disparitions discrètes ?  Et pourtant, nous avançames, encore et encore. À cent puis à cinquante puis à dix. Et même à dix, nous y croyions encore. J’y croyais encore. Peut-être plus forcément à une victoire mais à l’idée d’aller jusqu’au bout. Pour une fois. Puis, de 500 nous sommes descendus en-dessous de dix. Et là, je compris soudain que tous mes vieux démons avaient pris la relève, encore une fois.

Aujourd’hui, ce matin, je suis seul. Je suis le dernier, celui qui reste. L’éternel restant. L’attardé. Le patient. J’ai le souffle court et les yeux imbibés de larmes qui ne sortiront pas vraiment car à quoi bon ? Et là, dans ce silence matutinal, je repense aux 500. Pas avec regret, non. Avec une étrange mais incommensurable tendresse car c’est à eux que je dois d’être encore là, à eux que je dois ma capacité d’aimer sans jamais traîner des pieds. C’est à eux que je dois mes plus belles chamades et c’est eux que je remercie de m’avoir laissé rêver si fort. D’avoir espéré. D’avoir appris la patience. Et ça m’a aussi permis de n’avoir jamais fui. Je n’ai jamais baissé les bras et mon cœur n’a jamais cessé d’y croire. Et dès demain, je sais que si ça se présente, je serai capable de remonter une armée de 500 voire de 1 000.

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