Saperlipopette ! (tiens, un point d’exclamation…) Voilà que Jean, un bon gars un peu maladroit mais attachant, venait de saloper sa salopette. Pas juste un petit accroc ou une tache discrète, non, un véritable carnage textile. Le genou droit, jadis vaillant, était maintenant maculé de boue gluante, et une énorme éclaboussure de sauce tomate décorait l’avant, comme une peinture moderne accidentelle. Vous savez, le genre de toiles abstraites dont on se demande s’il ne faut pas avoir fait des études plus que supérieures pour espérer en comprendre le sens. Sauf s’il n’y en a pas, de sens. Bref, Jean soupira, secoua la tête, et se dit qu’il aurait mieux fait de rester au lit. Mais non, aujourd’hui, il avait un rendez-vous important, un entretien d’embauche qu’il ne pouvait pas manquer.
Alors, il s’habilla, enfila sa salopette – du moins, ce qu’il en restait encore présentable – et se regarda dans le miroir. « Saperlipopette, tu vas faire bonne impression comme ça ? » maugréa-t-il en caressant la tache avec une tristesse pleine de tendresse. Pourtant, il décida de jouer la carte de la sincérité. Après tout, qui saurait apprécier un candidat qui porte avec fierté ses cicatrices de salopette ? Arrivé au bureau, il croisa des regards surpris, certains étouffant un sourire, d’autres fronçant le nez. Mais Jean tint bon. « Eh bien, dit-il en souriant, j’ai eu une petite aventure matinale… » Il raconta brièvement comment, en voulant sauver un chat perché dans un arbre, il avait fini dans un tas de boue et une bataille improvisée de tomates avait éclaté sur son chemin. Rien d’extraordinaire.
Le recruteur, un homme aux lunettes rondes, éclata de rire, charmé par ce mélange d’humour et d’honnêteté. « Saperlipopette, voilà quelqu’un qui sait s’engager et ne recule devant rien, » dit-il en lui serrant la main. Ce qui s’est dit pendant ces vingt minutes d’échanges, personne n’en a rien su. La seule chose dont on est sûr, c’est qu’à la fin de l’entretien, Jean sortit du bureau, sa salopette toujours tachée, mais le cœur léger et l’esprit confiant. Parfois, se salir un peu vaut bien mieux que de paraître trop propre et trop parfait. Après tout, c’est dans les éclaboussures de la vie que se cachent les plus belles histoires. Enfin, ça, c’est dans les belles histoires de tonton Stéphane, dans son blog car dans la vraie vie, qui va à un entretien important avec une salopette sale ? À part Jean, notre héros du jour ?
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