dimanche 15 juin 2025

en parler à mon cheval

Hier, j’ai évoqué la Sat de Monique Hémon (et la chatte de Benoît Paire) et suite au commentaire d’un lecteur anonyme dont le nom commence par Fernan et se termine par Dez, je voudrais lui signaler que je ne connais pas cette anecdote des avions de Binzenbach ni celle sur la compagnie des signaux de Manchevelle mais rien que l’évocation de ces deux noms m’a rappelé tant de souvenirs… Attention, je n’ai pas forcément dit « des bons souvenirs », non, ils ne sont ni bons, ni mauvais, ce sont juste des souvenirs. Un peu rigolos quand même. Tiens, pour la peine, je vais dresser le portrait que j’ai d’eux dans ma mémoire. Biz, comme on l’appelait, à l’époque, pour moi, il était chauve et barbu. Je me trompe peut-être. C’était tout à fait le genre à porter des mocassins à glands (je vous rappelle qu’on est dans les années 80) car franchement, en tant qu’ingénieur des ventes, faut ce qu’il faut, hein. Un certain standing, non ?

Ingénieur des ventes, tu parles, Charles, commercial, VRP, oui, plutôt. Enfin bref, je l’aimais bien, moi, Biz même s’il faisait plutôt penser à Lino Ventura passé dans une essoreuse : il avait rétréci de partout pendant le programme de lavage. Il devait signer ses notes de frais avec un stylo à plume comme s’il s’agissait du Traité de Versailles à chaque fois. Je n’ai aucune anecdote particulière en ce qui le concerne. En revanche, Manchevelle, oui. Je me souviens qu’un jour, Ariane avait un client au téléphone, un client à lui qu’il n’avait sans doute jamais visité et comme elle ne savait pas répondre à la question qui lui était posée, elle avait dit « je vais en parler à Manchevelle » et le client lui avait rétorqué : « En parler à votre cheval ? » Mais moi, j’en ai une très triviale à son sujet : il n’avait de cesse de dire « c’est la merde », de sa grosse voix à la Gabin. Et un jour, nous nous sommes retrouvés aux toilettes ensemble, hélas.

Et moi, j’étais en train d’établir une miction qui n’était pas impossible et lui, se lavait les mains tout en me disant que c’était la merde, comme d’habitude et il a lâché un gros pet et pas du tout honteux, il m’a dit « Tu vois, qu’est-ce que je te disais ? » Manchevelle, c’était un personnage que j’aimais moyennement. Il aurait très bien pu sortir d’un film des années 50 en noir et blanc, un film un peu caricatural. Il appelait les secrétaires « mademoiselle » même si elles avaient 50 ans, il parlait d’ « offre tarifaire » avec la solennité d’un notaire de province en fin de carrière. Il avait la démarche d’un colonel en retraite et le regard de quelqu’un qui n’avait toujours pas compris que De Gaulle était mort. Il a certainement eu beaucoup de mal avec le Minitel et ne parlons pas des fax même s’il a bien dû s’y mettre. Que voulez-vous, pour lui, l’époque moderne, c’était la merde. Prout. Tiens, justement, qu’est-ce qu’il vous disait.

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