Ici, Saint-Maixent. Depuis hier après-midi et jusqu’à demain matin. À peine deux jours. Comme si c’était des feuilles posées sur l’eau lente de la Sèvre Niortaise, au bout du jardin. Je suis chez ma mère où le temps a gardé sa toque en laine et son café filtre. Je suis né ici, j’en suis vite parti, je ne savais même pas encore marcher et j’y suis revenu quand j’avais dix ans et j’en suis reparti quand j’en ai eu dix-neuf et depuis, je n’y ai plus jamais vécu, juste des séjours, des petits, des moyens, rarement des longs. On a beau dire mais même après avoir vécu à Paris, en banlieue et à Bordeaux, quelque part, Saint-Maixent m’habite toujours un peu. Un peu comme si j’avais un accent qu’on ne perd jamais tout à fait. Je suis arrivé hier après-midi, on s’est embrassés, avec maman et on a un peu parlé, avec le président et mon frère aîné. Et je suis allé marcher car j’avais mal au pied d’avoir conduit pendant plus de deux heures.
Je suis allé arpenter quelques rues, quelques places, un peu comme un pèlerinage toujours renouvelé. Toujours un peu pareil mais jamais tout à fait. J’ai rejoint la place Denfert-Rochereau, la grande place et j’ai marché sous les arbres, à l’abri de la chaleur d’un soleil un peu écrasant. Et je suis allé dans un supermarché pour tenter de trouver des mines de crayon pour le président, des mines qui ne soient pas HB mais on ne trouve que des HB, partout. À Bordeaux, à Biscarrosse, à Saint-Maixent… Et je suis revenu sur mes pas et j’ai rejoint les grandes allées bordées d’arbres, elles aussi. Et j’ai aimé ce temps comme suspendu. Je venais déjà me promener sous ces grandes allées, quand j’étais adolescent. Peu de choses ont changé, là, en cinquante ans. En tout cas, peu de choses sous les allées elles-mêmes. Et j’ai contourné la porte Châlon pour prendre la rue du même nom, la rue sinistrée, jadis pleines de commerces de bouche ou autre et aujourd’hui, à peine dix pour cents de magasins en activité. Mais plus de bouche.
Un centre-ville de plus en plus mort. C’était bien mieux avant. On a beau dire que ce n’est pas bien de faire jouer la nostalgie à fond les manettes mais quand même. J’ai connu cette rue piétonnière pleine d’activité, de chalands, de vitrines bien garnies et aujourd’hui, c’est un véritable cimetière. Tout a disparu. Comme mon enfance. Comme mon adolescence. Tout fout le camp, ma bonne dame. Tout a foutu le camp, mon bon monsieur. C’est la faute à la bombe nucléaire, ça, c’est sûr et certain. Et j’ai rejoint les Halles et la place du marché, rare lieu de vraie vie, surtout le samedi, ici, à Saint-Maixent. Que ce soit la statue de Denfert-Rochereau, né ici, lui aussi ou la porte Châlon, les places, les lieux et les monuments m’ont regardé passer sans rien dire. M’ont-ils seulement reconnu ? Peut-être, comme je viens de temps en temps. Deux à trois fois l’an. Cet après-midi, je ferai un autre tour, j’irai vers mon ancien collège-lycée. Pour voir.
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