jeudi 12 juin 2025

saperlipopette, ma salopette (2) – version lyrique

Rappel : Jean a une tache sur sa salopette, depuis le 27 mai dernier.

Saperlipopette ! (Encore un point d’exclamation ? Décidément…) Dans le théâtre matinal d’une aube naissante mais hésitante, Jean se dressa face au miroir. Il était porteur d’une salopette meurtrie, brodée de boue et de sang de tomate, comme une fresque d’errance et de bravoure. Chaque tache était un cri silencieux, chaque éclaboussure une symphonie de désordre assumé. Et cela désolait Jean car il ne voyait plus que ça. Et il savait que les autres, que le monde entier ne verrait plus que ça.

Il sentit sous ses doigts la trame usée, cette toile qui avait connu le frisson des escapades folles, le froissement des feuilles mortes sous ses pas pressés, et l’étreinte des vents capricieux. Oh, salopette fidèle, vêtement de bataille, témoin des jours où l’on marche sans filet, où l’on ose s’embraser dans la lumière incertaine du possible. Dans la lumière incertaine de tous les possibles. Saperlipopette, murmura-t-il dans un soupir, dans lequel il fallait voir une révérence aux imperfections sacrées.

Ces imperfections qui sculptent l’âme et forgent l’être, à moins que ça ne soit l’inverse. Quoiqu’il en fut, la salopette en question, entachée, n’était pas qu’un simple vêtement aux yeux éreintés de Jean, non, elle était la belle armure de son courage, l’étendard des irréductibles et la mémoire tissée d’un homme qui a toujours refusé les choses lisses et convenues. Puis, il s’élança dans la rue, sous un ciel en demi-teinte, chacun de ses pas battant la mesure d’un hymne à la liberté sauvage qu’était la sienne.

Les autres qu’il croisait lui jetaient parfois des regards curieux, parfois complices mais tous étaient autant d’étoiles filantes dans la grisaille de la normalité. Cela lui donna du baume au cœur et lui permit d’arriver à son rendez-vous l’âme un peu plus légère. Sauf que rapidement, vint l’heure du jugement devant l’autel froid d’un bureau austère et Jean, porteur de sa salopette entachée, déroula ses arguments du mieux qu’il le put. Et il se justifia dans un chant d’une humanité rare et honnête.

« Cette tache n’est pas une faute mais l’accent d’une vie vécue sans filet. » J’embrasse mes erreurs comme autant de rêves qui éclatent au grand jour. Face à lui, après un instant d’étonnement absolu, le recruteur finit par s’amuser de cet homme si peu banal et considéra Jean comme lui-même auréolé d’un souffle lyrique, comme le héros de sa propre légende, un homme libre et flamboyant. « Je valide votre contrat », lui annonça-t-il en souriant. Et Jean, soulagé, se mit à pleurer les yeux au ciel.

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