Ça aurait pu être encore une prof mais c’est une surveillante qui est tombée, cette fois. Une jeune femme, une maman de 31 ans qui est morte pour la France. Vague à lame. Et encore une fois, on s’étonne. On s’étonne plus qu’on ne s’émeut réellement. On s’en étonne comme si on ne savait pas que l’Éducation nationale était devenue un jeu vidéo grandeur nature. Parler de la victime, c’est important. Parler du meurtrier, ça l’est moins mais il le faut bien. Un élève de 14 ans. Pas encore l’âge légal pour conduire ni pour être emprisonné mais assez mûr pour tenter dans la vraie vie la même chose que dans les jeux violents auxquels il jour sur les écrans. Il n’était pas particulièrement dans le collimateur du proviseur mais il avait déjà été remarque pour des « petits » actes de violence. Aurait-on pu, aurait-on dû interpréter ça comme des signes précurseurs.
Depuis, les micros se tendent, les politiques et les journalistes se déchaînent, se sont jetés sur ce dramatique faits divers comme un chien sur un os. Et tout le monde de constater : « comment en est-on arrivé là ? » au lieu de de demander : « comment fait-on pour y rester ? Pourquoi cela recommence-t-il encore et encore ? Et pourquoi on sait que ça se reproduira ? » Le premier ministre, empesé, comme toujours, balance des poncifs mais on a échappé à ses arguments habituels (ça n’existe pas car là, ça existe vraiment), il annonce des mesures (des mesurettes ?) et des réunions, des protocoles et de la paperasse. L’État adore enterrer ses morts sous des formulaires Cerfa. Et, pour la victime, on va allumer des bougies. On va se recueillir. On plantera un arbre. On dit qu’on se souviendra. On donnera son nom au gymnase de l’établissement.
Pendant ce temps, les collègues de Mélanie continuent leur travail car il faut bien continuer. Pendant ce temps, le jeune de 14 ans, lui, jusqu’à maintenant, il n’a montré aucun regret. Les enseignants et les surveillants n’ont pas signé pour mourir mais ils ne savent plus comment vivre dans cette salle de classe où la peur devient presque le programme officiel. Le gamin, on va nous dire qu’il allait mal, qu’il aurait mérité d’être accompagné. On hésite entre l’excuse sociale (l’excuse de minorité) et l’excuse psychiatrique. Le mélange entre le monde virtuel et la vraie vie. Mais le couteau, lui, il était bien réel. Il a confondu stylo et poignard. Pour beaucoup de jeunes, la violence est devenue un droit et l’autorité une agression. Et pas seulement chez les mineurs, d’ailleurs. Et on attendra le prochain meurtre dans un collège. Et une école primaire ?
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