Ô verbe cruel ! Ô verbe dont le cœur est droit comme un ‘i’ ! Ô que c’est difficile de choisir le verbe choisir ! Choisir, ô toi qui places les êtres humains, mortels s’il en est, face au gouffre béant de l’irréversible. Ô comme cette phrase remplit bien son rôle ! C’est fou comme toi, le verbe choisir, tu peux avoir une telle force alors que ton apparence est si douche. C’est vrai, tes sonorités sont chuintantes, pas faciles pour celles et ceux qui ont un cheveu sur la langue, ce qu’ils n’ont justement pas choisi et le fait de finir en ‘ir’, ça te donne une espèce de douceur qui fait du bien à l’oreille. Mais en réalité, tu es un verbe dur. Un verbe de fer dans une consonance de velours car tu portes en toi le poids de tous les destins (pour ceux qui y croient) et de tous les hasards (pour les autres, dont moi.)
Je choisis et déjà, quelque part, quelque chose en moi chancelle. Car chaque choix est un dilemme voire un sacrifice. Chaque « oui » est un « non » qu’on tue et qu’on enterre. Tu choisis et le sol tremble. Tu hésites même si tu es un héros. Tu avances et tu recules. Mais la décision finale est là, implacable, sans retour, bien souvent. Et tu te demanderas parfois si c’était le bon choix et si ce n’était pas trop tôt. Ou trop tard. Il choisit et là-haut, s’il y a quelques dieux que ce soit ou quelques diables que ce soit aussi, tout le monde doit rire sous cape car le choix des humains doit sembler si dérisoire face à toutes les éternités. Même celui des animaux. C’est vrai, ça, une mouche qui choisit de se poser sur une vitre alors qu’un homme se tient tout près avec une belle tapette verte en main…
Nous choisissons. Ou nous pensons choisir. Ô cruelle illusion ! Ô fatale hallucination. Et si nous nous trompons, c’est tous ensemble. C’est le groupe. C’est la communauté. C’est le ghetto. Vous choisissez et ça peut porter à confusion et vous prenez le risque d’être jugé par les autres. Ceux qui n’ont pas choisi ou qui pensent qui ne l’ont pas fait. La mauvaise foi, ça arrive souvent. Ils choisissent et là, je pense à la guerre, par exemple. Des décisions de quelques humains pour tant de milliers ou de millions d’autres qui eux, n’ont pas le choix. Ô choisir. Tu es décidément un verbe important. Tu nous permets de marcher vers notre propre fin mais parfois, plus souvent, vers l’inconnu. Tu nous rends libres. Du moins en apparence. Et même si cette liberté ne dure qu’un instant, elle est précieuse.
N.B. Dans ce texte, il y a des points d’exclamation mais c’est normal, c’est comme ça quand on choisir de commencer une phrase ou un vers par Ô, cette interjection qui induit automatiquement une ponctuation d’exclamation, donc, je n’ai pas le choix, contrairement à ce qu’on pourrait croire.
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