Je choisis. Oui, c’est moi. C’est encore moi. C’est toujours moi. C’est moi qui choisis, c’est normal. Et moi, j’aime bien choisir pour les autres mais je ne suis pas tout à fait à l’aise avec l’inverse. Choisir. Comme ce verbe peut m’inspirer. À son propos, on croit que choisir, c’est avoir du pouvoir mais c’est plutôt faux car choisir, c’est avant tout enterrer mille autres vies possibles sous celle qu’on a prise. Et moi, quand je choisis, je suis justement ce cimetière. Celui des non-choix. Comme quoi, ce pouvoir est tout à fait relatif. Et toi ? Toi, tu choisis. Tu es comme moi, chacun de son côté. Ah, toi aussi, tu crois que le choix t’appartient. Si ça te fait plaisir. Mais crois-moi, tu vas apprendre. Tu vas voir. Chaque décision dévore un morceau de toi. Lentement. Sans bruit. Et sans fureur. Comme quand on ronge son frein.
Il choisit. Elle choisit. Il a choisi. Elle a choisi. Et regarde-les, maintenant. Ils ont tous les deux les yeux éteints et peut-être le cœur en miettes. Ils croyaient bien faire. Ils voulaient juste avancer. Mais choisir, est-ce vraiment faire un pas ? Ne serait-ce pas plus souvent comme un poids, un fardeau ? Voire une dette. Parce que quand on s’est trompé dans un choix qu’on fait, comme lui, comme elle, on n’a plus que ses yeux pour pleurer. Nous choisissons, disons-nous tous autant que nous sommes. Persuadés d’être unis. D’être solidaires. Mais à la toute fin, chacun ne porte et ne portera toujours que sa propre croix. Personne n’a jamais conjugué une erreur en mode collectif, au pluriel. Dans la vie, en réalité, c’est toujours chacun pour soi. Mais ce n’est pas dramatique, de toute façon, il nous a bien fallu choisir.
Vous choisissez. Car vous êtes plusieurs. Ou alors, vous êtes tout seul et comme je ne vous connais pas bien, j’ai choisi de vous vouvoyer. Oui, le choix du voussoiement. Et quand je vous parle, vous tournez la tête car vous croyez que ça va passer. Que ça passera. Que les autres oublieront. Que le monde oubliera. Mais certains, dont peut-être moi, se souviendront de vos choix, parfois mauvais. Ils vous hanteront. Ils choisissent. Il y en a qui choisissent toujours à la place des autres. À ma place. Pour mon bien, qu’ils me disent. Parce qu’ils pensent que je ne vais pas être dupe. Mais en choisissant pour moi, ils m’ont ôté la liberté et le droit d’hésiter. Et là, quelque part, c’est comme s’ils m’avaient tué. Mais je reste vivant car j’ai encore et toujours la possibilité de choisir. Et j’aimerais tant que ça perdure.
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