vendredi 25 juillet 2025

point d’ironie mais avec de l’humour quand même

Dans ma série estivale sur la ponctuation, après le point exclarrogatif (voir billet du 14 juillet dernier), ce matin, je vais vous parler d’une particularité, d’un point qui est si rare que presque personne ne le connaît à part quelques initiés et vous, à la fin de votre lecture. Il va être question du point d’ironie, ce héros totalement oublié de notre ponctuation, un signe quasiment mort-né mais néanmoins, fascinant. En tout cas pour moi. Ce point, dont le graphisme est le suivant : , est un proposé pour signaler l’ironie dans une phrase car à l’écrit, c’est moins facile de déceler cette dernière. Sur une feuille blanche, l’ironie relève d’un sport de haut niveau alors qu’à la voix, au ton ou même au regard, elle est très facile à faire passer. Et donc, dans un blog, par exemple, le mien, ce point peut servir à éviter d’être pris au premier degré ou d’être considéré comme un méchant et c’est très pénible pour un auteur, amateur ou professionnel de devoir expliquer qu’il voulait juste faire un peu d’humour.

Ce signe a été inventé en 1841 par un typographe français, Alcanter de Brahm (il a tout du français sauf le nom) qui voulait aider les lecteurs à ne pas se faire avoir par des phrases qui pouvaient vouloir dire le contraire de ce qu’elles semblaient dire. Mais ce point d’interrogation inversé n’a jamais réellement pris car il était d’abord techniquement très difficile à imprimer à l’époque. Puis, il demandait un effort particulier à l’auteur (on le sait, les écrivains sont feignants) – mais surtout, suis-je encore ironique si je vous dis que je suis ironique ? – et encore une fois, l’ironie, c’est comme une bonne blague, si tu dois l’expliquer, c’est un peu raté. Cependant, avec l’arrivée d’Internet, certains ont tenté de le ressusciter ou de le remplacer par d’autres signes : le /s (« sarcasm ») à la fin des phrases dans les forums, l’utilisation abusive des guillemets ou encore des phrases bien appuyée à l’aide d’emojis : « mais oui, bien sûr qu’on adore payer plus d’impôts 😏 »… En gros, le point d’ironie est une belle tentative d’ajouter un clignotant au texte écrit mais il a fini sa vie dans un placard poussiéreux.

Maintenant, comme rien ne vaut pas la preuve par l’exemple (plus jeune, il y avait la preuve par neuf, tiens, ça me vient subitement à l’esprit, il va falloir que je me penche sur la question, un de ces quatre matins, une de ces quatre aubes.) Ah, quelle joie d’entendre sonner son réveil à 5h30 le lundi matin Rien ne vaut cette douce sensation d’inutilité totale pour bien commencer la semaine Et bien sûr, mon ordinateur a redémarré tout seul juste avant que je sauvegarde mon travail Vraiment, la technologie, c’est magique Mais toutes ces phrases, si je les avais écrites sans ponctuation particulière, surtout, sans point d’exclamation, elles auraient été nettement plus plates et on aurait pu croire que j’étais très sérieux (sauf pour la première qui commence par « ah quelle joie » mais pour les autres : rien ne vaut cette douce sensation d’inutilité totale pour bien commencer la semaine. Bien sûr, mon ordinateur a redémarré tout seul avant que je sauvegarde mon travail. Vraiment, la technologie, c’est magique. Vous ne trouvez pas qu’elles sont plus banales ? Franchement

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