Il n’y a aucune échelle de valeur mais parfois, c’est aussi difficile de perdre quelqu’un de réel (un ami, un membre de sa famille, son animal fidèle compagnon depuis tant d’années) que de dire au revoir à un personnage de fiction même si on sait qu’en cas d’envie ou de besoin, on peut toujours le retrouver en prenant le bouquin dont il est issu ou regarder le film idem. J’ai ce problème avec tous ces « héros » dont certains sont comme mes amis, comme des amis intimes, comme mes meilleurs.
Il y en a plusieurs comme ça : Arturo Bandini (de John Fante) même si je ne l’ai pas relu depuis des années et des années (depuis que j’ai quitté la région parisienne, il y a un peu plus de vingt-cinq ans) et ce, à tel point qu’une de mes relations m’avait même surnommé Arturo car elle trouvait qu’il y avait un certain mimétisme entre lui et moi, en plus. Je l’ai aimée alors un peu plus, cette femme et c’est dommage que je l’ai (un peu perdue) de vue car j’aimerais l’entendre m’appeler encore Arturo.
Il y a eu Marcus Goldman, cette année, entre mars et juin, trois livres de Joël Dicker (je sais, ça peut en saouler que je rabâche tout ça sans cesse) et comme je l’ai dit hier, Cyril Avery, de John Boyne. Ces trois personnages font désormais partie de mon panthéon et j’ai presque l’envie qu’on les prévienne dans mes dernières volontés pour le jour où je disparaîtrai. Anonymement, d’une façon globale. Mais comment les prévenir ? J’ai déjà écrit une lettre pour Arturo Bandini mais pas envoyée.
Écrire à un personnage de roman. Vous devez me prendre pour un barjot. Vous savez, quand j’ai eu mon chat, en 1988 et jusqu’en 1995, je crois, j’écrivais à mon chat alors que je vivais avec lui. Il écrivait dans le mensuel que j’ai fait à partir de 1992. Il correspondait avec le chat d’une amie. C’était un chat épistolier. C’était quelqu’un, comme dirait Raymond Devos. Alors, si j’ai pu écrire à mon chat, pourquoi ne pas écrire à ces personnages que j’aime tant, qui m’habitent et font partie de moi ?
En terminant ce livre, au lit (Le fureurs invisibles du cœur), avant-hier, j’ai eu du mal à m’endormir, après. Parce que j’étais excité comme un enfant. Parce que j’étais heureux d’avoir fait la connaissance de Cyril Avery. Parce que j’étais très triste de le quitter. Probablement pour presque toujours. Et ensuite, pour trouver le sommeil, ça n’a pas été une mince affaire. Et commencer un autre bouquin en suivant celui-ci, monumental, ça relève de l’exploit. Du défi. Je vais le faire.
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