Hmmm… (silence) Hmmm… Oui, mortel ? Quoi ? Je ne sais pas, mortel. Tu es là, tu regardes, tu fais des borborygmes que tu penses faire passer inaperçus mais je t’ai entendu, que t’arrive-t-il, mortel ? Moi ? Oui, toi, mortel. Rien, Dieu. J’étais juste en train de regarder, c’est tout. Je ne voulais pas te déranger. Écoute, si tu as quelque chose à me demander, je suis habitué, je t’écoute. J’espère juste que tu as fait un peu de progrès dans ta façon de voir les choses. Non, non, vraiment, Dieu, rien, je passais juste par-là, c’est tout. Bon, si tu me disais la vérité, mortel, tu sais que quand tu mens, je le vois ? (silence) Je t’écoute, mortel. Bon, OK, je regardais. Je voulais juste savoir comment tu étais installé pour pouvoir nous surveiller de là-haut ? Je voulais savoir si ton fauteuil était confortable.
Mon fauteuil ? Pourquoi, mortel ? Sache que Dieu n’est jamais assis, mortel. Dieu n’a pas de séant. Comme toi. Comme ton commun. Mais si tu n’as pas de séant, Dieu, comment tu fais, alors, pour te reposer, comme au septième jour ? Dieu n’a pas de corps comme toi, mortel. Dieu est une entité et donc, Dieu n’a pas besoin de s’asseoir. Dieu n’est jamais physiquement fatigué. Ah bon ? Mais moralement, si tu savais comme c’est difficile de te supporter, mortel, si tu savais… Oh, il ne faut peut-être pas exagérer, Dieu. Je n’exagère pas, mortel. Mais alors, le septième jour, justement, comment tu t’es reposé, Dieu ? Dieu ne se repose pas comme les mortels, mortel. Dieu se repose d’une façon cosmique. Dieu ne sait pas ce que sont les insomnies. Le repos de Dieu, c’est intangible.
Tu ne peux pas comprendre, mortel. Ouais, c’est là que ça ne va pas, Dieu. Qu’est-ce qui ne va pas, mortel ? Tu dis que tu nous as fait à ton image mais pourquoi tu ne nous as pas donné le pouvoir de nous reposer comme toi, d’une façon cosmique ? Parce que c’est comme ça, mortel. Je suis Dieu et c’est moi qui choisis. Et je suis supérieur à toi. Ce n’est pas juste, Dieu. C’est toi qui es incapable de justice, mortel. Tu ne penses qu’à toi. Qu’à ton petit pré-carré et le reste… C’est quoi un pré-carré, Dieu ? C’est ton domaine, celui qui t’appartient et qui t’est réservé. Tu parles, Dieu, moi, je suis locataire. Un deux-pièces à Villenave d’Ornon, alors les pré-carrés, moi… Tu me fatigues, mortel. Je pense que je vais retourner me reposer. M’évaporer. Tu as un truc, pour faire ça ? Hein, y a un truc ?
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