jeudi 16 octobre 2025

la belle vie des SDF

Contre l’église St André, en plein cœur de Bordeaux, il y a régulièrement une famille avec deux ou trois enfants qui vivent dans une petite tente telle que celles qu’on connaît, genre Quechua 2 places sauf que là, avec les deux ou trois enfants, c’est sans doute un peu juste. Ou pas. Et parfois, la tente n’est plus là mais au bout de quelques jours, on la voit de nouveau. Avec ses habitants. Et on se demande pourquoi. Pourquoi ils sont là, toute une famille ? Pourquoi ils sont là, contre la cathédrale ? Pourquoi ensuite, on ne les voit plus pendant plusieurs jours ? Et, comme tout le monde, tout le reste du monde, à chaque fois, je continue ma route, je passe mon chemin mais ce n’est jamais le cœur tout à fait léger. Et en même temps, qu’y puis-je, moi, réellement ? Je ne peux pas les héberger chez moi non plus ‽

Ça me fait réfléchir. Et justement, cette nuit, à un moment, quand je ne dormais pas parce que j’avais mal au dos. Je me suis dit qu’il y avait des gens qui avaient bien plus de problèmes que moi. Mais, parallèlement, je me suis dit qu’ils avaient aussi un peu de la chance, les SDF. Tous les SDF, quels qu’ils soient. C’est vrai, ça, ils n’ont pas de problème de logement, de liste d’attente pour en obtenir un à la location ou demander un crédit pour en acheter un autre. Ils n’ont pas de problème pour faire le ménage, la tente de cette famille ne nécessite pas beaucoup de travail. Ils n’ont pas de problèmes avec les impôts : ni sur les revenus, ni sur la taxe foncière, ni sur la taxe d’habitation. Bien sûr, je ne parle pas de celui sur la fortune immobilière. Ils n’ont pas de problème de surconsommation avec des fringues plein leurs dressings.

Parce qu’ils n’ont pas de dressing, de toute façon.  Ils n’ont pas de problème pour nettoyer leur réfrigérateur car ils n’en ont pas non plus. Ils n’ont jamais à hésiter sur telle ou telle marque de lessive. Ils n’ont jamais besoin de se mettre en colère pour que leurs enfants rangent leur chambre vu qu’ils n’ont qu’une tente deux places pour cinq, ceux que je vois régulièrement. Ils n’ont pas de problème de savoir comment boucler leurs fins de mois car ils n’ont que des petites oboles comme rentrées d’argent. En réalité, ils ont des problèmes pour boucler tout le mois, dès le début. Ils ne sont pas obligés de se farcir leur famille pour Noël avec force décorations et des avalanches de cadeaux. Ils n’ont pas besoin non plus de farcir une dinde car ils n’ont pas de four. Ni d’air fryer. Non, vraiment, ils ont de la chance, les SDF.

https://cestecritbysibal33.blogspot.com/

http://sibal33.canalblog.com/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

suis-je moi, quel est moi ?

Suis-je moi ou qui suis-je ? Hier, j’ai affirmé que j’étais moi et que je ne m’en plaignais pas forcément. Ou alors, c’est que je ne me suis...