Pour faire suite à mon billet d’hier, je pense qu’il faut d’abord commencer par imaginer ce que pourrait être la cérémonie de ma future crémation. Lister les invités. En espérant qu’ils seront encore en vie, eux-mêmes. Définir les musiques (ça, c’est déjà fait depuis longtemps) et les éventuels textes. Pour ces derniers, ça signifie que si entre cette préparation et le jour J, je rencontre des nouvelles personnes qui auront envie d’intervenir, il faudra penser à les inclure tout en respectant la demi-heure allouée pour toute cérémonie de crémation. Pour ma part, je sais déjà que je compte m’enregistrer pour dire au revoir à toutes celles et tous ceux qui seront présents (s’il y en a qui vont venir, ce qui reste encore à prouver) et je sais déjà quoi. Il faut juste que je le fasse et que je l’inclue dans mon organisation musicale.
Ensuite, inutile de prévoir des fleurs car si je meurs à une époque où ce n’est pas la saison de celles que je préfère, ça ne m’intéresse pas d’en avoir d’autres. Donc, ni fleurs, ni couronne. Pas même de lauriers. Ni rose. Ni sauce. Et enfin, ce que j’aimerais, c’est que les invités, participants ou non, soient vraiment tristes. Qu’ils commencent à pleurer dès qu’ils se réuniront à côté du parking, devant la salle dédiée à mon hommage posthume. J’aimerais qu’ils pleurent quand ils se disent bonjour. Qu’ils se tombent dans les bras. « Quelle perte cruelle, hein ? » Oui, ça, ça serait bien qu’il y en ait au moins un qui dise ça. « Il était encore jeune, quelle tristesse. » Ça aussi, oui. Et puis qu’ils se reprennent pour retrouver un peu de dignité avant de recommencer à pleurer. En revanche, chacun apportera ses propres mouchoirs, hein ? OK.
Pour l’ordre de passage des textes qui vont être lus sur un ton que j’espère le plus larmoyant possible, je revendique de passer en premier et en dernier. Je veux dire bonjour à tout le monde. Et je veux aussi dire « au revoir, à bientôt » juste pour donner l’illusion que je puisse croire à une autre vie après la mort. Alors qu’en réalité, il n’en est rien. Et j’aimerais que quelques-uns, dans l’assistance, disent aux autres : « C’est un clin d’œil, il ne croyait en rien, Stéphane, quel farceur, hein ‽ » Voilà en gros ce que j’aimerais pour la cérémonie de ma propre crémation. Ça me fait plaisir aujourd’hui, d’imaginer tout ça mais surtout, surtout, que personne ne se permette de parler à ma place. Je n’ai pas du tout envie que quelqu’un dise : « Stéphane aurait été content, il aurait aimé cette cérémonie. Ça lui aurait plu. »
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